littérature
Elle s'égare
Par Johann Dizant Le 24/09/2022
Elle s'égare
Valise brune déposée à ses pieds, elle attend sur le quai d’une gare de campagne un train, une idée, une main...
Le cœur brumeux, les poings serrés, une mer de blé l’accompagne dans son chagrin, elle attend un rêve, un destin…
Deux talons aiguilles noirs prennent racine dans les graviers. Un long manteau en feutrine rougeâtre recouvre son tronc un peu plié. Elle attend en vain…
Dorée à la cime, seules les larmes ruisselant sur son visage la différencient d’une statue de Rodin. Elle attend un espoir, un lendemain…
Dans cette errance, elle chantonne une douce mélodie. Du bout des lèvres, quelques notes s’écrasent sur une voie orpheline. Elle attend un refrain, son prochain…
Le ciel s’émeut et s’épanche sur cette femme. Sa peau se noie, son cœur se débat, elle attend un matin, un soutien.
À vivre sur la lune, la terre a un gout amer. Elle se perd dans les nuages, recherche une éclaircie, un paradis, une vie sans démon. Elle attend…
Partir est une chose, arriver en est une autre.
Le jour tire sa révérence, aucun train se s'est présenté.
Valise à la main, elle reprend son chemin.
Un nuage de mots
Par Johann Dizant Le 24/09/2022
Après une nuit dérobée, l’amant chantonne quelques notes de musique. La maitresse séduite par la mélodie lui demande quel est cet air envoutant.
- Celui du bonheur, répond-il.
- Depuis quand le connaissez-vous ?
- Depuis que mon cœur joue pour vous!
Johann DIZANT
Tiens, voilà l'facteur !
Par Johann Dizant Le 15/07/2021
Découvrez à partir du mois d'octobre mon nouveau roman.
Tiens, voilà l’facteur !
À lire jusqu’à la dernière lettre !
Tiens, voilà l’facteur ! Il entre chez vous pour vous apporter, avec l’expression de circonstance, les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Sous une pluie torrentielle ou sous un soleil de plomb, « Facteurman » accomplira sa mission jusqu’à la dernière lettre.
Ce roman fourmille d’anecdotes toutes plus vraies les unes que les autres et nous plonge dans un temps où le village était, pour ses habitants, le centre du monde, et le facteur un valeureux messager.
Vous rencontrerez des personnages hauts en couleur parlant un patois wallon, une langue qui chantera à vos oreilles tout au long des aventures passionnantes et cocasses de notre bon facteur dans le village des Beaux-Sarts.
Seul
Par Johann Dizant Le 24/09/2022
Seul
Seul, c’est regarder les autres s’aimer, c’est se raconter des histoires d’amour.
Seul, c’est s’habiller de rêves pour supporter la froideur de sa vie.
Seul, c’est rêver de normalité, c’est se contenter de peu.
Seul, c’est mourir à petit feu dans sa couche où personne ne vous touche.
Seul, c’est payer pour aimer, un moment pour être simplement caressé.
Seul, c’est ce condamné du jeu de la vie, c’est rêver d’être un autre.
Seul, c’est espérer, un jour, trouver des yeux qui vous rendront moins seul.
La lumière
Par Johann Dizant Le 24/09/2022
La lumière
C’est un premier regard,
un souffle coupé,
une lueur,
un espoir,
une envie,
un été.
C’est un premier sourire,
un rire,
un fou rire,
une respiration,
un voyage,
une libération.
C’est un premier pas fébrile,
mes jambes en coton,
un nuage,
un doute,
un prénom.
C’est un premier mot semé à la douceur de ta voix.
C’est une première phrase germant au fond de mon estomac.
C’est ce premier touché,
je t’effleure du bout des doigts,
je te cueille à l’orée de mes bras.
C’est une odeur, une fleur, une rose, un bégonia.
C’est une première nuit, mon corps ému, valsant autour du tien.
C’est une première nuit, mes mains maladroites, mon cœur embrassant tes seins.
C’est une première nuit, la première de toute ma vie.
C’est un premier matin, ton âme au naturelle, si pur, si doux, si belle…
tes lèvres tendues, ton regard me couvrant d’étincelles.
C’est un premier au revoir, une attente, une impatience, une joie, un espoir.
C’est un premier je t’aime, un premier appartement, un premier agacement, un premier mot tendu, une première dispute, un premier projet d’enfant, un premier aman, une première réconciliation, une première désillusion, un premier compromis, un premier démenti, un premier mot cruel…
Et puis, cette deuxième fois qu’on n’a pas su réinventer.
Cette troisième fois qui est passée inaperçue.
Cette quatrième fois tombée dans l’habitude.
Cette cinquième fois faite de lassitude.
Cette sixième fois arrosée de reproches.
Cette septième fois où l’on s’est détruit à coups de poing, de point final à cette histoire. Si seulement nous avions su que les deuxièmes fois n’existaient pas.
Habitude
Par Johann Dizant Le 24/09/2022
Habitude
Je suis ton habitude, à deux une solitude, ton assurance, plus vraiment une chance, ta stabilité, juste avant de trébucher, une lassitude, une vielle inquiétude, un fantôme, un symptôme, une caresse, une indélicatesse, une passion mortelle, un poison éternel, vingt ans à la dérive, un amour incolore, insipide, inodore, ta dernière marche, un corps ridé, une tâche, un sacrifice, un caprice, ton vide, un cœur déchu, un malentendu, une mauvaise surprise, ton Martini olive, une rampe, une crampe, des crocs usés, des serres érodées, une peau fatiguée, des doigts crispés, un point, une tragédie, un poing, un vestige, une ruine, un vertige, une cicatrice, un rhumatisme, ton cancer, ton illusion, ta maladie, ton purgatoire, ton désespoir, un suicide…je suis ton habitude.
Johann DIZANT
L'Etat et le citoyen
Par Johann Dizant Le 28/09/2019
Les années passent, mais rien ne change.
L'État et le citoyen
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un citoyen se désaltérait
Au robinet d'une onde pure.
L'État survient fauché qui cherchait aventure,
Et que le gain en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de t'approprier mon breuvage ?
Dit ce pays plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Monsieur le Président , répond le citoyen, que votre gouvernement
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'il considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
D'une ressource naturelle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis m'approprier sa boisson.
- Tu te l'accapares, reprit cet État cruel
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit le citoyen, je tette encor ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, misérable peuple
On me l'a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
L'État l'emporte, et puis le taxe,
Sans autre forme de procès.
Johann DIZANT