Elle s'égare
Valise brune déposée à ses pieds, elle attend sur le quai d’une gare de campagne un train, une idée, une main...
Le cœur brumeux, les poings serrés, une mer de blé l’accompagne dans son chagrin, elle attend un rêve, un destin…
Deux talons aiguilles noirs prennent racine dans les graviers. Un long manteau en feutrine rougeâtre recouvre son tronc un peu plié. Elle attend en vain…
Dorée à la cime, seules les larmes ruisselant sur son visage la différencient d’une statue de Rodin. Elle attend un espoir, un lendemain…
Dans cette errance, elle chantonne une douce mélodie. Du bout des lèvres, quelques notes s’écrasent sur une voie orpheline. Elle attend un refrain, son prochain…
Le ciel s’émeut et s’épanche sur cette femme. Sa peau se noie, son cœur se débat, elle attend un matin, un soutien.
À vivre sur la lune, la terre a un gout amer. Elle se perd dans les nuages, recherche une éclaircie, un paradis, une vie sans démon. Elle attend…
Partir est une chose, arriver en est une autre.
Le jour tire sa révérence, aucun train se s'est présenté.
Valise à la main, elle reprend son chemin.